La Bibliothèque Britannique

Genève dominée par la France de Napoléon ne s’agenouille pas, pire elle se donne les moyens de faire le mur pour s’envoler au-delà.
Loin de se replier sur eux-mêmes à Cartigny, les frères Pictet chercheront par une industrie opiniâtre à relever leur fortune. C’est ainsi que Marc-Auguste (1752-1825) est élu en 1802 membre du Tribunat par un Sénat conservateur et deviendra sous  l’Empire  inspecteur  général  de  l’Université  impériale. De Paris, il pourra soutenir les programmes scolaires de l’Académie de Calvin qui gardera son niveau d’enseignement reconnu bien au-delà de ses frontières.
De son côté, Charles élaborera de nombreux projets inspirés par la Révolution industrielle anglaise : une tuilerie à  Pinchat, une faïencerie, imitant la porcelaine de Wedgwood aux Pâquis. L’histoire retiendra quant à elle l’épopée des mérinos et ses châles de laine.
Anecdote savoureuse, le pharmacien Henri-Albert Gosse associé avec les frères Pictet dans l’affaire de la faïencerie des Pâquis, élabore à cette époque une eau gazeuse avec un certain Monsieur Schweppe. Ça fait des bulles et c’est sérieux, on en boit encore !

La fondation en 1796 d’une revue la Bibliothèque Britannique avec son frère Marc Auguste et Frédéric-Guillaume Maurice fait partie de ces entreprises alimentaires.
Les Genevois, en dépassant les frontières des nations ennemies, situent leur périodique dans le champ de la pensée et des sciences.
A ses débuts, la Bibliothèque Britannique est une entreprise familiale impliquant, avec quelques collaborateurs extérieurs, les épouses et les filles de la famille  Pictet,  cheville  ouvrière  rédigeant  et traduisant en français les résumés d’ouvrages ou d’articles à publier. La revue s’organise en trois  sections : Littéraire, Sciences et  Agriculture.
Elle est le reflet d’une Genève savante et offre à l’Académie (actuelle université) un organe de diffusion européenne.
Certes, cette Bibliothèque Britannique agace le Consulat qui se tait, mais n’en murmure pas moins.
La revue continuera, outre le blocus continental, à informer l’Europe des pratiques anglaises, à la pointe de la Révolution industrielle.
Malgré cette  période d’annexion et de blocus  continental, l’épopée des mérinos et l’audience de la Bibliothèque Britannique auprès des têtes couronnées d’Europe ont rendu le nom de ses fondateurs célèbre.

Animation:
Agustina Mancini
Texte:
Valérie Fontaine