Genève craint pour son identité

Genève sort au soir du 31 décembre 1813 de l’annexion française (1798-1813), en proclamant la Restauration de son indépendance. Pour préserver sa liberté, elle acccepte de s’unir à la Confédération helvétique. La première condition : créer un territoire d’un seul tenant, contigu à la Suisse.
C’est  donc en ministre plénipotentiaire de Genève que Charles Pictet de Rochemont défendra au Congrès de Vienne, en 1815, un territoire genevois contenu entre ses frontières naturelles, du Salève aux crêtes du Jura et du Vuache aux Voirons.
Visionnaire, Pictet de Rochemont avec son « Grand Genève » ?
Aveuglée, la Genève de la Restauration, confinée derrière ses murailles, rejette ce généreux projet territorial, effrayée par le nombre de catholiques à intégrer et la perte supposée de son identité réformée.

Entre 1815, à Paris et 1816 à Turin, Charles Pictet de Rochemont gagnera cependant sept communes françaises du pays de Gex et vingt-quatre communes savoyardes. Le tissu du nouveau canton désenclave les terres genevoises et relie par Versoix les Genevois à leurs compatriotes.
Ce sont environs 16 000 habitants catholiques de la campagne qui viennent rejoindre 32 000 protestants.[1]

Depuis 1860 déjà, la Rome protestante compte plus de catholiques que de protestants.[2]

 

[1]Traité de Paris, (20 novembre 1815) tout ou partie des communes de Versoix, Collex-Bossy, Bellevue, Le Grand-Saconnex, Pregny, Vernier et Meyrin (49,3 km2 et 3 343 habitants).

Traité de Turin, (16 mars 1816), Victor-Emmanuel Ier, roi de Sardaigne, cédait tout ou partie d’Avusy, Laconnex, Soral, Perly-Certoux, Plan-les-Ouates, Bernex, Aire-la-Ville, Onex, Confignon, Lancy, Bardonnex, Troinex, Veyrier, Chêne-Bourg, Thônex, Puplinge, Presinge, Choulex, Meinier, Collonge-Bellerive, Corsier, Hermance, Anières et Carouge (108,8 km2 et 12 700 habitants).

[2] Selon les statistiques genevoises, 29 % de catholiques contre 16 % de réformés en 2013.

Animation:
Pierre Barda
Texte:
Valérie Fontaine